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Vous avez plus de chances d’attraper le coronavirus là où l’air est pollué

samedi 14 mars 2020, par Association ARPENT

Alors que le coronavirus continue sa progression en France et dans le monde et que les autorités cherchent partout le moyen de lutter contre sa propagation, un facteur important reste négligé : la qualité de l’air. Il existe en effet une corrélation forte entre celle-ci et les infections par les virus respiratoires dont fait partie le coronavirus.

De nombreuses études ont ainsi montré une relation entre pollution de l’air et les admissions en hôpital pour maladies respiratoires, de même qu’une augmentation de la morbidité (le nombre de nouveaux cas) et de la mortalité de différentes maladies respiratoires. L’enjeu est majeur en ces temps de pandémie.

Le rôle délétère de la pollution aérienne lors de l’épidémie du SARS en 2002 en Chine a été démontré a posteriori. Les pics de pollution dans certaines régions ont en effet accéléré et intensifié la diffusion du virus via les personnes sensibles. Le phénomène n’est pas nouveau : une étude rétrospective a montré l’importance de la pollution de l’air (au charbon) dans la mortalité de la pandémie grippale de 1918 !

Une étude italienne montre une relation entre les concentrations aériennes des polluants et l’incidence des infections virales lors des alertes de pollution.

Cet effet apparaît rapidement -quelques jours seulement après un pic atmosphérique de pollution, et ce à partir de seuils relativement bas. Ainsi, une étude italienne montre une relation entre les concentrations aériennes des polluants (notamment le benzène) et l’incidence des infections virales lors des alertes de pollution. Quant aux données expérimentales, elles mettent en évidence que les conditions atmosphériques, dont la pollution, jouent un rôle majeur dans la diffusion des virus en fragilisant les protections naturelles des voies respiratoires. Les particules affaibliraient par ailleurs notre système immunitaire local en provoquant des réactions inflammatoires contreproductives. Il est aussi possible que les polluants chimiques modifient aussi la structure externe virale et ses capacités à pénétrer les muqueuses et à se multiplier.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que la qualité de l’air joue un rôle capital dans la capacité du virus à se propager chez un individu et à atteindre de nouvelles victimes. Et donc, que lutter contre la pollution de l’air est aussi un moyen de lutter contre le virus.

Pour l’instant, en France, ce moyen d’action a été complètement négligé. Il est vrai que le mois de février connaît une situation exceptionnelle avec des niveaux de pollution historiquement bas, dus à l’association prolongée de pluies et de vents importants et dispersifs. Les concentrations de PM2,5, l’indicateur le plus pertinent de la toxicité de l’air, sont au plus bas depuis plusieurs semaines. Elles sont même inférieures au seuil recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (10 microgrammes/m3), alors que celui-ci est régulièrement dépassé : selon Airparif, 85 % des Franciliens, soit près de 10 millions de personnes, étaient exposées à des dépassements de ces seuils en 2018, dernière année pour laquelle nous disposons de données...

Mais la situation pourrait changer, en particulier avec le printemps qui arrive -il y a chaque année un pic vers la fin du mois de mars, lié à la conjonction des épandages de printemps et du trafic automobile. À quoi s’ajoutent d’autres particules redoutables : les pollens. Il convient donc d’anticiper : il faudrait que le Ministère de la Santé surveille avec attention la qualité de l’air et prenne des mesures pour empêcher la survenue d’un éventuel mais prévisible pic de pollution. Malheureusement, le Ministère de la Santé a jusqu’à présent confié le sujet de la pollution au Ministère de l’Environnement. C’est comme s’il laissait au Ministère de l’Agriculture les sujets de l’alcoolisme et du tabagisme comme un problème de gestion des vignes, du houblon ou des plants de tabac.


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